CARE veut intégrer l’ensemble des enjeux climatiques, environnementaux et sociaux dans la comptabilité

Le bilan carbone, en plus de la comptabilité classique, met en évidence les émissions de gaz à effet de serre en prenant en compte les flux d'émissions. Cependant, la véritable problématique climatique est liée au système climatique en tant que tel, qui n'est pas intégré dans le bilan carbone. Le bilan carbone devrait être adossé à un budget carbone.

Le bilan carbone reste souvent en périphérie des prises de décision et ne s'articule pas avec le contrôle de gestion, les opérationnels, ni la direction financière. Il reste le plus souvent comme un objet externe à l'organisation. Il est nécessaire d'articuler le bilan carbone avec les systèmes comptables, et de l'intégrer réellement dans l'organisation. Par ailleurs, le focus carbone, bien qu'important pour la transition écologique, laisse peu de place à la question de la biodiversité. Les bilans biodiversité émergent, mais ne sont pas facilement massifiables dans les entreprises.

Avec la comptabilité carbone, il y a un focus sur le climat, délaissant les autres enjeux comme la biodiversité. Il est nécessaire de fonder des systèmes comptables avec une analyse beaucoup plus large. Cependant multiplier les comptabilités périphériques - bilans carbone, biodiversité, sociaux - ne suffit pas. Il faut engager une approche intégrée.

Les outils de comptabilité écologique ne mesurent pas véritablement les impacts sur les écosystèmes, mais plutôt comment les écosystèmes et les enjeux sociétaux impactent la performance financière. Le modèle comptable CARE (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology) a été créé avec l'objectif d'intégrer l’ensemble des enjeux climatiques, environnementaux et sociaux dans la comptabilité.

Il est nécessaire d'avoir des systèmes comptables intégrés, avec une modification des plans de compte pour transformer l'organisation en profondeur.

Quels impacts les enjeux environnementaux et sociaux ont-ils sur la performance financière ? Peut-on représenter les écosystèmes uniquement par leurs services productifs, ou les services qu'ils apportent aux êtres humains, en faisant une intégration comptable basée sur la valeur économique de la nature ? Le projet CARE veut reprendre les travaux scientifiques en bioéconomie pour démontrer que ces approches sont extrêmement problématiques, et ne sont pas accordés avec des enjeux de préservation, sur une base scientifique des écosystèmes.

Un écosystème n’est pas simplement un service productif, il y a aussi un enjeu de redevabilité sous-jacent. L'écosystème naturel est apporté à l'entreprise qui peut l'utiliser. Cependant l’entreprise doit également le rembourser afin de le préserver. Le système comptable doit garantir le suivi de ce qui est fait avec l'écosystème. L'obligation de remboursement, ou de préservation de l'écosystème conduit à une intégration avec une traduction monétaire, non pas sur la base de la valeur économique, ou de la valeur productive, mais sur la base des dépenses nécessaires à la préservation des écosystèmes.

CARE fonde un cadre conceptuel pour appréhender le fondement d'une nouvelle économie basée sur la redevabilité écologique.